Nichée au cœur de la Provence, Aix-en-Provence séduit par son charme méridional, son patrimoine architectural remarquable et son atmosphère à la fois élégante et décontractée. Fondée en 122 avant J.-C. par les Romains, cette cité historique a conservé toute sa splendeur à travers les siècles.
Ses ruelles pavées, ses fontaines murmurantes, ses hôtels particuliers et ses places ombragées racontent l’histoire d’une ville où l’art de vivre s’exprime à chaque coin de rue. Un séjour de trois jours permet d’appréhender l’essence de cette perle provençale tout en découvrant ses trésors cachés, ses panoramas inspirants et son héritage culturel exceptionnel.
Premier jour : Immersion dans le cœur historique
Le Cours Mirabeau, artère emblématique de la cité
L’aventure aixoise commence naturellement par le Cours Mirabeau, véritable colonne vertébrale de la ville. Cette promenade prestigieuse de 440 mètres, créée au XVIIe siècle, impressionne par sa majesté et son élégance. Bordée de platanes centenaires offrant une ombre bienfaisante durant les chaudes journées d’été, elle abrite quatre fontaines remarquables.
La plus imposante, la Fontaine de la Rotonde, trône fièrement à son extrémité sud. Les terrasses des cafés historiques invitent à une pause contemplative, notamment le célèbre Deux Garçons, ancien repaire d’Émile Zola et Paul Cézanne. L’architecture des hôtels particuliers qui longent le cours témoigne de la richesse passée d’Aix, avec leurs façades ornées et leurs balcons en fer forgé.
Perdez-vous dans le dédale du Vieil Aix
Au nord du Cours Mirabeau s’étend le quartier Mazarin, caractérisé par ses rues en damier et ses somptueuses demeures. La flânerie s’impose dans ce secteur où chaque ruelle révèle un trésor architectural.
Place d’Albertas, vous admirerez un ensemble harmonieux du XVIIIe siècle dominé par un hôtel particulier à la façade sculptée et une fontaine élégante. Les placettes ombragées, comme la Place des Cardeurs ou la Place Richelme, vibrent au rythme des terrasses animées et des marchés colorés.
Le quartier regorge d’hôtels particuliers témoignant de l’âge d’or aixois, avec leurs portes cochères massives, leurs cours intérieures secrètes et leurs façades classiques. Prenez le temps d’observer les détails architecturaux, les mascarons sculptés et les ferronneries d’art qui ornent ces demeures aristocratiques.
La Cathédrale Saint-Sauveur, mille ans d’histoire sacrée
Édifiée sur l’ancien forum romain, la Cathédrale Saint-Sauveur constitue un véritable livre d’architecture à ciel ouvert. Sa construction, étalée du Ve au XVIIe siècle, a donné naissance à un édifice composite où se côtoient styles roman, gothique et baroque.
La façade, sobre et élégante, cache des merveilles intérieures comme le triptyque du Buisson Ardent, chef-d’œuvre de Nicolas Froment. Le baptistère paléochrétien, avec ses colonnes antiques, rappelle les origines romaines de la cité. Dans le cloître roman attenant, le calme invite à la méditation loin de l’agitation urbaine.
Les chapelles latérales, richement décorées, abritent des œuvres d’art religieux remarquables. Une visite approfondie révèle l’évolution architecturale et spirituelle de la ville à travers les âges.
Place de l’Hôtel de Ville, centre névralgique d’Aix
L’après-midi conduit vers la Place de l’Hôtel de Ville, véritable cœur battant de la cité. L’édifice municipal, construit entre 1655 et 1678, déploie une façade classique richement sculptée. Sa tour de l’Horloge médiévale, vestige des remparts du XIVe siècle, contraste avec le style classique du bâtiment principal. Le marché aux fleurs qui anime la place certains jours apporte couleurs et parfums à ce lieu historique.
Face à l’Hôtel de Ville, le Palais de Justice occupe l’ancien palais comtal, témoignant du rôle administratif majeur d’Aix à travers les siècles. Les terrasses des cafés permettent d’observer la vie locale dans ce lieu où se croisent habitants et visiteurs.
Soirée gastronomique aux saveurs provençales
La journée s’achève autour d’une table provençale dans l’un des nombreux restaurants du centre historique. La cuisine aixoise marie traditions méditerranéennes et produits du terroir. Goûtez à l’aïoli, plat emblématique associant légumes frais, poisson et sauce à l’ail, ou à la daube provençale, ragoût de bœuf mijoté au vin rouge.
Les légumes confits, l’huile d’olive locale et les herbes aromatiques parfument chaque assiette. N’oubliez pas les calissons, confiseries en forme de losange à base d’amandes et de melon confit, spécialité sucrée d’Aix depuis le XVe siècle. Les vins rosés de Provence accompagnent idéalement ces mets solaires, tandis que les terrasses animées prolongent le plaisir d’une première journée bien remplie.
Deuxième jour : Sur les traces de Cézanne et patrimoine artistique
L’Atelier de Cézanne, sanctuaire du maître de la Provence
La matinée du deuxième jour s’ouvre sur une immersion dans l’univers du plus célèbre enfant d’Aix. L’Atelier de Cézanne, situé sur la colline des Lauves, représente un lieu de pèlerinage artistique incontournable.
Construit en 1901, ce bâtiment baigné de lumière accueillit le peintre jusqu’à sa mort en 1906. Conservé intact, l’atelier expose objets personnels, matériel de peinture et modèles ayant inspiré ses natures mortes. Les grandes baies vitrées orientées au nord permettaient à l’artiste de bénéficier d’une lumière constante.
Par la fenêtre, on aperçoit déjà la Sainte-Victoire, montagne devenue icône grâce aux 87 tableaux que Cézanne lui consacra. La simplicité du lieu contraste avec la révolution picturale qui s’y opéra, annonçant les prémices du cubisme et de l’art moderne.
Les Carrières de Bibémus, laboratoire à ciel ouvert du peintre
À quelques kilomètres du centre-ville, les Carrières de Bibémus offrent un spectacle géologique saisissant qui façonna durablement la vision artistique de Cézanne. Ces anciennes excavations d’ocre, exploitées du XVIIe au XIXe siècle, fournirent la pierre dorée qui donna sa teinte caractéristique aux bâtiments aixois.
L’artiste y loua un cabanon entre 1895 et 1904, fasciné par les structures géométriques naturelles et les contrastes chromatiques des falaises. Les blocs rectangulaires, les masses minérales aux teintes chaudes et la végétation méditerranéenne composent un paysage presque abstrait que le peintre transposa dans ses toiles révolutionnaires.
La visite guidée permet d’observer le paysage à travers des reproductions placées exactement où l’artiste installa son chevalet, révélant sa démarche de déconstruction et de recomposition du réel.
Le Musée Granet, écrin de l’art provençal et international
L’après-midi se poursuit au Musée Granet, institution culturelle majeure installée dans l’ancien palais de Malte. Fondé en 1838, ce musée doit son nom au peintre néoclassique François-Marius Granet, natif d’Aix, qui légua nombre de ses œuvres à sa ville.
Les collections permanentes couvrent une vaste période, de l’archéologie antique à l’art contemporain. La section beaux-arts présente des œuvres de maîtres flamands, italiens et français du XVIe au XIXe siècle. Naturellement, Cézanne occupe une place privilégiée avec neuf toiles originales, complétées par l’exceptionnelle collection Planque exposée dans la chapelle des Pénitents blancs voisine.
Cette donation comprend des œuvres remarquables de Picasso, Léger, Kandinsky et bien d’autres artistes du XXe siècle. Les salles d’archéologie révèlent le riche passé antique de la région, avec notamment des vestiges de l’oppidum d’Entremont, capitale des Salyens.
Le Grand Théâtre de Provence, temple contemporain des arts vivants
La soirée s’illumine au Grand Théâtre de Provence, écrin architectural conçu par l’Italien Vittorio Gregotti et inauguré en 2007. Cette structure contemporaine aux lignes épurées et à la façade en pierre de Rognes s’inscrit harmonieusement dans le quartier Sextius-Mirabeau, nouveau pôle culturel de la ville.
La grande salle de 1300 places, conçue selon des normes acoustiques exceptionnelles, accueille opéras, concerts symphoniques, ballets et pièces de théâtre. La programmation éclectique fait la part belle aux créations contemporaines tout en honorant le répertoire classique.
Pilier du Festival d’Aix-en-Provence, événement lyrique de renommée internationale, le Grand Théâtre symbolise le dynamisme culturel d’une cité qui conjugue patrimoine séculaire et création actuelle. L’expérience artistique se prolonge dans le foyer aux volumes généreux, offrant une vue imprenable sur la ville à la tombée du jour.
Troisième jour : Nature et villages provençaux
La montagne Sainte-Victoire, sanctuaire naturel emblématique
Le dernier jour invite à prendre de la hauteur vers la montagne Sainte-Victoire, silhouette calcaire immaculée culminant à 1011 mètres, qui domine majestueusement le paysage aixois. Cette barrière naturelle impressionnante, classée Grand Site de France, a inspiré d’innombrables artistes, Cézanne en tête.
Plusieurs sentiers de randonnée permettent d’explorer ses flancs garrigués où s’épanouissent plus de 900 espèces végétales méditerranéennes. L’ascension jusqu’à la Croix de Provence récompense l’effort par un panorama spectaculaire embrassant la vallée de l’Arc, Aix et, par temps clair, la Méditerranée.
Le versant sud abrite la chapelle Sainte-Victoire du XVIIe siècle, but d’un pèlerinage traditionnel. Les formations rocheuses singulières et les falaises vertigineuses du versant nord attirent les grimpeurs du monde entier. Cet écosystème fragile, préservé malgré l’incendie dévastateur de 1989, témoigne des efforts de conservation déployés pour sauvegarder ce joyau naturel.
Le Château de Vauvenargues, demeure historique de Picasso
Au pied nord de la Sainte-Victoire se dresse le Château de Vauvenargues, imposante bâtisse du XVIIe siècle aux tours médiévales flanquant une façade classique. Cette ancienne propriété des comtes de Provence connut un destin singulier lorsque Pablo Picasso l’acquit en 1958, attiré par l’idée de posséder « sa » montagne Sainte-Victoire, en hommage à Cézanne qu’il considérait comme son maître spirituel.
L’artiste espagnol y vécut et y travailla jusqu’en 1961, y produisant de nombreuses œuvres marquées par l’influence du paysage environnant. À sa mort en 1973, il fut enterré dans le parc, selon sa volonté.
Longtemps fermé au public, le château ouvre désormais ses portes pour des visites guidées limitées, révélant quelques pièces où résonna le génie créatif picassien. L’austère beauté du lieu et son cadre naturel exceptionnel expliquent l’attachement que lui porta l’artiste catalan durant ses dernières années.
Le Tholonet, village pittoresque aux portes d’Aix
L’après-midi s’écoule doucement au Tholonet, charmant village situé à quelques kilomètres d’Aix-en-Provence. Ce hameau authentique semble figé dans le temps, avec ses maisons traditionnelles aux façades ocre et ses ruelles étroites bordées de lauriers-roses.
Le petit château du XVIIIe siècle, aujourd’hui siège du Grand Site Sainte-Victoire, témoigne de l’élégance classique de l’architecture provençale. Non loin, l’aqueduc de Zola rappelle l’ingéniosité hydraulique qui permit d’alimenter Aix en eau.
Cézanne fréquenta assidûment l’auberge Berne, aujourd’hui restaurant réputé, d’où il pouvait contempler sa montagne bien-aimée sous différentes lumières. Les environs offrent des sentiers de promenade longeant la rivière Arc, sous l’ombre bienfaisante des pins et des chênes. Ce microcosme préservé incarne l’âme de la campagne aixoise, entre garrigue parfumée et douceur de vivre.
Puyloubier, terre de vignobles au pied de la Sainte-Victoire
Pour clôturer ce séjour en beauté, la route mène à Puyloubier, village perché à 350 mètres d’altitude sur le versant sud de la Sainte-Victoire. Ses ruelles en pente, ses placettes ombragées et son église romane Saint-Pons constituent un ensemble architectural remarquable. Les remparts médiévaux partiellement conservés témoignent du passé défensif de cette localité stratégique.
Mais la renommée de Puyloubier provient surtout de son terroir viticole exceptionnel. Le village se trouve au cœur de l’appellation « Côtes de Provence Sainte-Victoire », dont les vins, particulièrement les rosés, bénéficient d’un microclimat idéal. Plusieurs domaines viticoles proposent des dégustations permettant d’apprécier ces crus aux notes d’agrumes et de fruits rouges.
La coopérative locale, fondée en 1924, accueille les visiteurs pour une exploration des méthodes de vinification traditionnelles et modernes. Un dîner dans l’un des restaurants du village complète parfaitement cette immersion sensorielle, avec des plats du terroir sublimés par les vins locaux.
Les incontournables culinaires d’Aix-en-Provence
Marchés provençaux, festivals de saveurs et de couleurs
Impossible d’évoquer Aix sans mentionner ses marchés emblématiques qui rythment la vie locale. Le marché quotidien de la Place Richelme attire résidents et visiteurs dès l’aube. Producteurs locaux y proposent fruits gorgés de soleil, légumes fraîchement cueillis, herbes aromatiques parfumées, miels artisanaux et fromages fermiers.
Le grand marché du samedi s’étend sur plusieurs places du centre historique, transformant la ville en vaste étal à ciel ouvert. L’ambiance sonore mêle accents chantants, négociations animées et conseils culinaires échangés entre habitués.
Les étals colorés offrent une palette sensorielle incomparable : rouge éclatant des tomates, vert profond des courgettes, jaune lumineux des citrons. Les marchés spécialisés complètent cette offre, comme celui aux fleurs du mardi, jeudi et samedi ou le marché aux poissons de la Place des Prêcheurs. Ces espaces vivants incarnent l’art de vivre méditerranéen et constituent le point de départ idéal pour composer un pique-nique gourmand à déguster dans l’un des nombreux parcs de la ville.
Les spécialités aixoises, entre tradition et raffinement
La gastronomie aixoise, ancrée dans les traditions provençales, se distingue par sa finesse et son élégance. Le calisson, confiserie emblématique en forme de navette, combine pâte d’amandes, melon confit et écorces d’oranges, le tout recouvert de glace royale.
La Confiserie du Roy René, institution historique, perpétue ce savoir-faire séculaire et propose des visites de son musée. L’huile d’olive locale, pressée dans les moulins environnants, apporte sa touche dorée et son goût fruité à de nombreuses préparations. Les légumes du soleil – aubergines, tomates, poivrons, courgettes – se déclinent en ratatouille parfumée au thym et au basilic, en tian croustillant ou en petits farcis savoureux.
Les herbes de Provence, cueillies sur les collines alentour, parfument délicatement les plats traditionnels comme la soupe au pistou ou la bouillabaisse réinterprétée. Les amandes de Provence se retrouvent dans de nombreuses pâtisseries locales, témoignant de l’influence méditerranéenne multiséculaire sur la cuisine aixoise.
Informations pratiques pour optimiser votre séjour
Se déplacer dans Aix et ses environs
Le centre historique d’Aix-en-Provence se découvre idéalement à pied, ses dimensions modestes permettant d’explorer l’essentiel sans fatigue excessive. Les ruelles piétonnes interdisent d’ailleurs souvent la circulation automobile.
Pour les distances plus importantes, notamment vers l’Atelier Cézanne ou les Carrières de Bibémus, le réseau de bus urbains Aix en Bus offre une couverture efficace avec des tickets abordables et des navettes électriques desservant le centre ancien. Les vélos en libre-service constituent une alternative agréable pour sillonner la ville à son rythme.
Pour explorer les environs comme la Sainte-Victoire ou les villages provençaux, la location d’une voiture s’avère pratique, avec plusieurs parkings relais situés aux entrées de la ville. Des excursions organisées partent régulièrement vers les sites majeurs pour ceux qui préfèrent voyager sans conduire.
La gare routière et la gare SNCF permettent également de rejoindre facilement Marseille (30 minutes), Avignon ou la Côte d’Azur pour d’éventuelles excursions complémentaires.
Quand visiter Aix-en-Provence pour une expérience optimale
Chaque saison offre une perspective différente sur Aix-en-Provence. Le printemps (avril-juin) dévoile la ville sous ses plus beaux atours, avec floraisons spectaculaires, températures clémentes et affluence touristique modérée. Les jardins et places ombragées se parent de couleurs vives tandis que les terrasses commencent à s’animer.
L’été (juillet-août) correspond à la haute saison touristique, marquée par le prestigieux Festival international d’art lyrique et le Festival de piano de La Roque d’Anthéron à proximité. La chaleur peut être intense en milieu de journée, mais les soirées douces et les nombreuses manifestations culturelles compensent largement cet inconvénient.
L’automne (septembre-octobre) apporte une lumière dorée qui sublime les façades, des températures agréables et un calme retrouvé après l’effervescence estivale. Les vendanges animent les domaines viticoles environnants.
L’hiver (novembre-mars) révèle une ville plus authentique, où la vie locale reprend ses droits. Le Marché de Noël et ses traditions provençales illuminent décembre, tandis que l’absence de foule permet d’apprécier pleinement le patrimoine architectural, même si certaines attractions peuvent avoir des horaires réduits.
Visiter Aix-en-Provence en 3 jours : plongez au cœur de l’histoire de Cézanne
Trois jours à Aix-en-Provence permettent une première approche significative de cette cité d’exception où l’histoire millénaire côtoie l’élégance raffinée, où l’art imprègne chaque ruelle et où la nature environnante a inspiré des générations de créateurs.
Entre patrimoine architectural, héritage artistique et douceur de vivre provençale, Aix séduit par son équilibre parfait entre traditions ancestrales et dynamisme contemporain. Ce séjour compose une symphonie sensorielle inoubliable, entre lumière éclatante, parfums de garrigue, saveurs méditerranéennes et façades ocre caressées par le soleil.
La ville de Cézanne mérite amplement qu’on s’y attarde, qu’on y revienne, pour découvrir, au fil des saisons et au gré des festivals qui l’animent, toutes les facettes de son charme intemporel. Comme l’écrivait si justement l’écrivain aixois Joseph d’Arbaud : « Aix est une ville qui se mérite », une invitation à prendre le temps d’en saisir toute la quintessence.
