Liscia Ruja

Deuxième plus grande île de la Méditerranée après la Sicile, la Sardaigne fascine les voyageurs du monde entier par la beauté exceptionnelle de ses côtes. Sur près de 1 850 kilomètres de littoral se déploie un kaléidoscope de paysages marins d’une diversité saisissante : criques intimes accessibles uniquement par bateau ou sentiers escarpés, immenses plages de sable fin aux reflets dorés, baies abritées aux eaux émeraude et falaises calcaires plongeant dans une mer cristalline. Ce territoire insulaire italien, bien que très fréquenté pendant la haute saison estivale, conserve de nombreux trésors côtiers préservés et sauvages.

La particularité des plages sardes réside non seulement dans la qualité exceptionnelle de leurs eaux – parmi les plus transparentes d’Europe – mais aussi dans la variété géologique des côtes, alternant granit rose, calcaire blanc et sable aux teintes changeantes selon les régions. Des rivages mondains et sophistiqués de la Costa Smeralda aux plages désertes et spectaculaires de la côte ouest, la Sardaigne offre un éventail d’expériences balnéaires répondant à toutes les aspirations. Voici notre sélection des plus beaux rivages que compte cette île méditerranéenne au patrimoine naturel exceptionnel.

1. La Pelosa : joyau immaculé du nord-ouest sarde

La Pelosa

Dans la pointe septentrionale de l’île, près du charmant village de pêcheurs de Stintino, s’étend l’emblématique Spiaggia della Pelosa. Cette plage mythique dévoile un spectacle visuel qui semble tout droit sorti d’une carte postale caribéenne : un sable d’une blancheur immaculée baigné par des eaux turquoise d’une transparence absolue. La faible profondeur du lagon permet de marcher plusieurs dizaines de mètres avant que l’eau n’atteigne la taille d’un adulte.

Au large se dresse l’îlot de l’Asinara, ancienne prison transformée en parc national, qui protège la baie des vents dominants, créant ainsi des conditions idéales pour la baignade. Une ancienne tour génoise du XVIe siècle, Torre della Pelosa, ajoute une touche historique à ce tableau idyllique.

Victime de son succès exceptionnel, La Pelosa fait désormais l’objet de mesures de protection strictes : limitation du nombre de visiteurs (750 personnes maximum), interdiction des serviettes directement posées sur le sable, douche obligatoire avant d’accéder à la plage et réservation préalable en haute saison. Ces restrictions, bien que contraignantes, permettent de préserver ce trésor naturel exceptionnel menacé par l’érosion et la surfréquentation touristique.

La période idéale pour découvrir La Pelosa dans toute sa splendeur reste le mois de juin ou septembre, lorsque l’affluence diminue mais que la température reste parfaite.

2. Cala Goloritzé : la perle inaccessible du Golfe d’Orosei

Cala Goloritzé

La côte orientale de Sardaigne abrite l’un des joyaux les plus précieux de la Méditerranée, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1995. Nichée au pied de falaises calcaires vertigineuses, Cala Goloritzé représente l’archétype de la crique parfaite. Son aiguille calcaire de 143 mètres s’élance vers le ciel tandis que ses eaux aux nuances infinies de bleu et turquoise contrastent magnifiquement avec les galets blancs du rivage.

Cette merveille naturelle ne se livre qu’aux voyageurs les plus motivés : aucune route n’y mène directement. L’accès se mérite par une randonnée d’environ 90 minutes depuis le plateau de Golgo, près du village de Baunei, à travers un sentier rocailleux descendant 470 mètres de dénivelé dans un paysage de maquis méditerranéen. L’alternative consiste à rejoindre la crique par la mer, mais le débarquement direct est interdit pour préserver le site – les bateaux doivent mouiller à 300 mètres du rivage.

Cette protection rigoureuse a permis de conserver intact ce lieu magique, formé en 1962 suite à un effondrement rocheux. Les fonds marins exceptionnellement riches font le bonheur des plongeurs en apnée, avec une visibilité pouvant dépasser 30 mètres dans ces eaux classées réserve marine.

Prévoir eau en quantité suffisante et chaussures adaptées pour la descente, car aucun service n’est disponible sur place – c’est précisément cette absence d’infrastructures qui préserve la beauté sauvage de Goloritzé.

3. Cala Mariolu : le théâtre aquatique des galets blancs

Cala Mariolu

Toujours sur la côte orientale, dans le spectaculaire Golfe d’Orosei, Cala Mariolu séduit instantanément par la beauté quasi irréelle de ses eaux. Son nom proviendrait des phoques moines (aujourd’hui disparus de la région) que les pêcheurs locaux surnommaient « mariolu » (voleurs) car ils dérobaient les poissons dans leurs filets. Cette plage de petits galets blancs mêlés à un sable grossier s’étire sur environ 200 mètres, encadrée par des falaises calcaires imposantes couvertes de végétation méditerranéenne.

La caractéristique la plus remarquable de Cala Mariolu réside dans l’extraordinaire transparence et les dégradés de couleur de ses eaux, passant du turquoise clair près du rivage au bleu profond quelques dizaines de mètres plus loin. Les fonds marins y sont exceptionnellement riches et diversifiés, constituant un véritable paradis pour les amateurs de snorkeling.

D’innombrables poissons multicolores évoluent entre les rochers et les herbiers de posidonie, parfois rejoints par des bancs de saupes argentées. L’accès principal se fait par la mer via des excursions en bateau au départ de Cala Gonone, Santa Maria Navarrese ou Arbatax.

Pour les randonneurs expérimentés, un sentier exigeant part du plateau de Baunei (environ 3h30 de marche). Un petit kiosque saisonnier propose rafraîchissements et en-cas simples, mais mieux vaut prévoir son pique-nique. La fréquentation estivale étant très importante, les visites en juin ou septembre permettent d’apprécier pleinement la magie du lieu.

4. Cala Luna : la plage aux grottes légendaires

Cala Luna

Entre ciel, mer et montagne se dessine l’une des plages les plus spectaculaires et photographiées de Sardaigne. Cala Luna forme un croissant parfait de sable clair encadré par d’imposantes falaises calcaires percées de grandes grottes naturelles. Ces cavités, suffisamment profondes pour offrir une ombre bienvenue aux baigneurs pendant les heures les plus chaudes, constituent l’une des caractéristiques distinctives de ce site exceptionnel.

Un petit ruisseau saisonnier traverse la plage, créant un lagon miniature bordé de lauriers-roses et de tamaris centenaires qui ajoutent une touche de verdure à ce paysage minéral. Sa beauté sauvage et dramatique n’a pas échappé au cinéma italien : Cala Luna servit notamment de décor au film culte « Swept Away » de Lina Wertmüller en 1974.

L’accès principal s’effectue par voie maritime depuis les ports de Cala Gonone ou Santa Maria Navarrese, avec des excursions régulières pendant la saison touristique. Les plus aventureux peuvent emprunter le sentier de randonnée depuis Cala Fuili (parcours d’environ 4 heures aller-retour) qui offre des panoramas à couper le souffle sur cette portion de côte préservée.

Un restaurant saisonnier propose des spécialités locales, principalement des plats de poissons et fruits de mer. Les kayakistes expérimentés apprécient particulièrement l’exploration des criques sauvages et grottes marines aux alentours, inaccessibles autrement que par la mer.

5. Tuerredda : le trésor caché de la côte méridionale

Tuerredda

Dans le sud-ouest de l’île, à proximité du village de Teulada, se niche ce qui est souvent considéré comme la plus belle plage de la Sardaigne méridionale. Tuerredda déploie un arc parfait de sable fin et doré bordé par une mer aux teintes extraordinaires qui rappellent les Caraïbes. Face à la plage, un petit îlot rocheux couvert de végétation méditerranéenne semble posé sur l’eau cristalline, facilement accessible à la nage pour les baigneurs de tous niveaux.

La situation géographique particulière de cette crique, protégée des vents dominants, crée des conditions idéales pour la baignade avec une eau généralement calme et limpide. Le dégradé de couleurs qui s’étend du rivage vers le large offre un spectacle hypnotique : du turquoise transparent près du bord au bleu profond quelques dizaines de mètres plus loin.

Les collines environnantes couvertes de maquis méditerranéen aux senteurs de myrte et de genévrier complètent harmonieusement ce tableau idyllique. Contrairement à d’autres plages isolées de Sardaigne, Tuerredda bénéficie d’un accès relativement facile par une route secondaire depuis la SS195, ce qui explique sa popularité croissante.

Plusieurs établissements proposent locations de transats, restauration et activités nautiques pendant la saison estivale. Pour apprécier pleinement la magie de Tuerredda, une visite matinale en juin ou septembre permet d’éviter la foule tout en profitant de conditions climatiques idéales.

6. Porto Giunco : entre étang et mer, le double spectacle du sud-est

Porto Giunco

La côte sud-orientale de la Sardaigne révèle l’une de ses plages les plus remarquables près de la charmante station balnéaire de Villasimius. Porto Giunco séduit instantanément par son cadre naturel d’exception et la particularité géographique qui la caractérise : une étroite langue de terre sépare la mer Méditerranée de l’étang de Notteri, créant ainsi un isthme de sable fin où les baigneurs peuvent contempler deux paysages aquatiques radicalement différents.

D’un côté, la mer Tyrrhénienne déploie ses eaux cristallines aux nuances de bleu et turquoise sur un fond sablonneux immaculé ; de l’autre, l’étang aux eaux plus calmes attire une multitude d’oiseaux, dont les élégants flamants roses qui constituent l’une des attractions de la région. Le sable blanc et fin, composé de minuscules grains de quartz, contraste magnifiquement avec l’azur intense de la mer, créant cette sensation visuelle caractéristique des plages tropicales.

Surplombant ce tableau idyllique, une ancienne tour espagnole du XVIe siècle, la Torre di Porto Giunco, offre aux visiteurs courageux qui gravissent ses pentes un panorama spectaculaire sur l’ensemble du littoral. La plage s’étend sur près d’un kilomètre, permettant de trouver un espace personnel même en pleine saison.

Plusieurs établissements balnéaires proposent locations de parasols et transats, tandis que des écoles de sports nautiques offrent initiation à la planche à voile, au kitesurf et au paddle, particulièrement adaptés aux conditions locales.

7. Su Giudeu : le royaume magique des dunes blanches

Su Giudeu

À l’extrémité sud-ouest de la Sardaigne, dans la région de Chia, se déploie l’une des plages les plus spectaculaires de toute l’île : Su Giudeu. Ce qui distingue immédiatement ce lieu enchanteur est son impressionnant système dunaire qui s’étend sur plusieurs centaines de mètres vers l’intérieur des terres. Ces monticules de sable fin et blanc, parfois hauts de plus de 20 mètres, créent un paysage désertique fascinant, stabilisé par une végétation endémique parfaitement adaptée à ces conditions extrêmes.

La plage elle-même s’étire sur près de deux kilomètres, offrant suffisamment d’espace pour éviter la sensation de foule même au cœur de l’été. Une caractéristique unique de Su Giudeu est son petit îlot rocheux, accessible à pied par un banc de sable submergé qui émerge à marée basse, créant un passage presque mystique au milieu des eaux turquoise.

Cette curiosité géologique attire photographes et baigneurs curieux d’expérimenter cette traversée inhabituelle. Les fonds marins en pente douce conviennent parfaitement aux familles avec enfants, tandis que les spots plus profonds vers les extrémités de la plage satisfont les nageurs expérimentés.

L’étang saumâtre situé derrière les dunes attire diverses espèces d’oiseaux migrateurs, notamment des flamants roses, ajoutant une dimension ornithologique à l’expérience. Plusieurs services de location d’équipements nautiques permettent d’explorer cette côte spectaculaire en kayak ou paddle, révélant des criques secrètes inaccessibles à pied.

8. Liscia Ruja : l’élégance incarnée de la Costa Smeralda

Liscia Ruja

Au cœur de la légendaire Costa Smeralda, région côtière devenue synonyme de luxe et d’exclusivité depuis son développement dans les années 1960 par l’Aga Khan, s’étend la majestueuse plage de Liscia Ruja. Surnommée « Long Beach » par les habitués, cette étendue de sable rose-orangé déployée sur près d’un kilomètre représente la plus grande plage de cette portion prisée du littoral nord-oriental.

L’eau y présente cette teinte émeraude caractéristique qui a donné son nom à toute la côte, résultat d’un phénomène optique créé par les fonds marins granitiques et la qualité exceptionnelle de l’eau. Les collines environnantes, couvertes de genévriers tortueux, de cistes et de myrtes odorants, descendent en pente douce vers la mer, créant un écrin naturel parfait pour ce joyau balnéaire.

Contrairement à certaines criques confidentielles de la Costa Smeralda, Liscia Ruja offre suffisamment d’espace pour accueillir confortablement les visiteurs pendant la haute saison. L’ambiance y reste néanmoins sophistiquée, reflétant le caractère haut de gamme de la région. Plusieurs établissements élégants proposent transats, restauration raffinée et services personnalisés. Les amateurs de sports nautiques y trouvent leur bonheur avec diverses activités proposées, tandis que les yachts luxueux mouillent au large, ajoutant à l’atmosphère glamour du lieu.

Sa position stratégique entre Porto Cervo et Porto Rotondo, les deux joyaux urbains de la Costa Smeralda, en fait une étape incontournable pour qui souhaite goûter à l’art de vivre sophistiqué qui caractérise cette portion de littoral mondialement réputée.

9. Capo Coda Cavallo : la magie d’une presqu’île préservée

Capo Coda Cavallo

Dans la partie nord-orientale de l’île, au sud de la célèbre Costa Smeralda, la presqu’île de Capo Coda Cavallo dessine une silhouette équine qui lui a valu son nom (littéralement « Cap Queue de Cheval »). Ce promontoire granitique, classé aire marine protégée, abrite plusieurs plages d’une beauté saisissante, dont la plus remarquable s’étend à son extrémité.

Enchâssé entre des rochers de granit rose sculptés par les éléments et une végétation méditerranéenne luxuriante, ce ruban de sable fin offre une vue spectaculaire sur l’îlot de Tavolara, impressionnant massif calcaire qui s’élève à 565 mètres au-dessus de la mer tel un monolithe surgi des flots. Les eaux qui baignent Capo Coda Cavallo comptent parmi les plus limpides de Sardaigne, avec une visibilité sous-marine exceptionnelle qui peut atteindre 30 mètres les jours de calme parfait.

Cette transparence révèle des fonds marins d’une richesse extraordinaire, alternant prairies de posidonie, où se cachent sars et dentis, et zones sableuses parcourues par des bancs de rougets et de petites oblades. Le statut de zone protégée a permis de conserver intact cet écosystème fragile, où il n’est pas rare d’apercevoir des dauphins au large.

L’accès à la plage principale nécessite une courte marche depuis le parking, dissuadant le tourisme de masse et préservant ainsi la tranquillité des lieux. Quelques criques plus confidentielles, accessibles uniquement par des sentiers escarpés ou en bateau, offrent des havres de paix absolue aux visiteurs en quête d’isolement.

10. Piscinas : l’immensité sauvage des dunes sahariennes

Piscinas

À l’ouest de l’île, sur la côte peu développée de la Costa Verde, se dévoile l’un des paysages les plus singuliers et impressionnants de Méditerranée. La plage de Piscinas étonne par son système dunaire monumental, le plus grand d’Europe, qui s’étend sur plusieurs kilomètres à l’intérieur des terres. Ces dunes dorées, pouvant atteindre 100 mètres de hauteur, créent un véritable désert miniature en perpétuel mouvement sous l’action des vents marins.

L’impression d’immensité sauvage qui se dégage de ce lieu unique est renforcée par la longueur exceptionnelle de la plage – plus de sept kilomètres d’étendue ininterrompue de sable fin. Contrairement aux rivages plus fréquentés du nord et sud de l’île, Piscinas conserve un caractère résolument sauvage et préservé. Son relatif isolement – l’accès se fait par une route non goudronnée depuis Arbus – a permis de maintenir ce site à l’écart du développement touristique intensif. Les courants peuvent y être puissants et la mer parfois agitée, ce qui ravit les surfeurs mais exige la prudence des baigneurs moins expérimentés.

La faune et la flore qui ont colonisé cet environnement hostile témoignent d’adaptations extraordinaires : tortues marines venant parfois pondre sur la plage, lys maritimes aux fleurs blanches éclatantes et genévriers façonnés en bonsaïs naturels par les vents salins. Un seul hôtel, aménagé dans d’anciennes installations minières restaurées avec goût, permet de séjourner au cœur de ce paysage lunaire, offrant une expérience d’immersion totale dans l’un des derniers espaces véritablement sauvages du littoral méditerranéen.